Commémorer autrement

2022 marque l'année du 60ème anniversaire de la fin de la Guerre d'Algérie.

La Guerre d'Algérie se raconte, se conte et se chante...

Dans le cadre du 60ème anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie, l’Association du « Mémorial AMT 1952-1962 », en partenariat avec le Conseil départemental de la Seine-Maritime et la Ville de Rouen, organisait le 14 mai 2022 un concert-spectacle à l’Hôtel du Département, créé et animé par Jean-Pierre Marchand, écrivain, mémorialiste et conteur, ancien appelé du contingent, accompagné des chanteuses et musiciens de l’École de Musique de Bois-Guillaume-Bihorel-Isneauville dirigée par Xavier Petitalot. La manifestation, labellisée par l’ONACVG – Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, avait le soutien du CCAMPRM – Comité de Coordination des Associations Mémorielles et Patriotiques de Rouen et sa Métropole. Ouverte à tous, elle était destinée à remercier ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à l’érection du Mémorial. Malgré l’absence volontaire de toute publicité, nombreux sont ceux qui étaient venus y assister.

De nombreuses personnalités étaient présentes :

  • Clarisse Chevalier, Directrice de l’ONACVG 76, représentant le Préfet de la Région Normandie et le Préfet de la Seine-Maritime ;
  • Véronique Peaucelles-Delelis, Directrice générale de l’ONACVG ;
  • Aline Lousy-Louis, Vice-présidente représentant Hervé Morin, Président du Conseil Régional de Normandie ;
  • Bertrand Bellanger, Président du Conseil départemental de Seine-Maritime ;
  • Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen, Président de la Métropole Rouen Normandie ;
  • Damien Adam, député ;
  • Pascal Houbron, Conseiller régional, Maire de Bihorel, accompagné de Françoise Lacaille-Lainé, Maire-Adjointe de Bihorel ;
  • Nathalie Lecordier, Conseillère départementale et Maire-Adjointe de Bihorel ;
  • Marine Caron, Conseillère municipale de Rouen, sans qui, alors conseillère départementale, le Mémorial n’aurait peut-être pas existé.

Étaient présents également de nombreux présidents d’associations patriotiques ou mémorielles et 25 porte-drapeaux, réunis par Brigitte Brière, Présidente du CCAMPRM et drivés par William Grosdésir. Qu’ils en soient tous remerciés.

Comme pour l’inauguration du 1er février, une cérémonie au Mémorial avait lieu à 15 heures place Carnot en hommage aux 418 militaires seinomarins tués en Afrique du Nord. Après les interventions du Président du Mémorial et de Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen, c’est une habitante de Bihorel, Suzanne Marchetti, membre de l’association du Mémorial 76, qui remettait avec le Président la liste des 58 militaires rouennais tués en Afrique du Nord à Nicolas Mayer-Rossignol. Des gerbes étaient déposées par les personnalités.

Élise Monray, professeure de chant de École de Musique de Bois-Guillaume-Bihorel-Isneauville se livra à une vibrante interprétation du couplet de la Marseillaise des enfants repris par une assistance émue. Après le salut aux porte-drapeaux par les autorités l’assistance s’est dirigée vers l’Hôtel du Département pour assister au concert-spectacle. Ce spectacle était dédié aux 418 seinomarins qui ont laissé leur vie en Afrique du Nord, loin de leur terre natale.

« En ce 60ème anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie, nul ne peut se détourner des familles endeuillées, de la terrible histoire de nos frères d’armes, de nos camarades d’école, de nos amis d’enfance, gens de biens ou de peu, issus de milieux totalement différents, unis trop tôt, beaucoup trop tôt, dans la mort. Nous leur dédions le spectacle auquel vous allez assister. Nous l'offrons à ceux qui sont revenus, certains estropiés pour la vie, d’autres, meurtris, brisés de l’intérieur avec des séquelles invisibles mais tout aussi terribles, nous l'offrons à leurs enfants victimes collatérales de cette guerre qui a eu tant de mal à dire son nom, nous l'offrons à tous ceux qui ne veulent pas être des oublieux de l'Histoire. »

Le thème est la vie quotidienne d’appelés du contingent de leur départ pour l’Algérie à leur retour, sous forme de 10 récits avec projection de photos, alternant avec 10 chansons emblématiques des années 50-60. Après l’allocution de Bertrand Bellanger, Président du Conseil départemental, le spectacle débute par un poème « La Guerre d’Algérie » lu par Hugo Plasschaert du Collège Lucie Aubrac d’Isneauville, petit fils d’appelé, suivi d’une conférence intro : « Qui étaient-ils ? Qui étions-nous ? ». Sauf un, les récits, contés par Jean-Pierre Marchand, sont extraits de son livre « Chroniques algériennes d’un appelé 1961-1962». Mémorialiste, il verbalise, étant lui-même le témoin et l’acteur, les choses vues et entendues, circonstances évanouies et hors de portée de l’historien, replongeant les plus anciens chacun dans sa propre histoire, ou celle du mari ou du frère, permettant aux plus jeunes de retrouver leurs racines, à la rencontre du père, de l’oncle ou du grand père qui n’a jamais parlé de « sa Guerre d’Algérie ». Quelques larmes sont essuyées furtivement.

Chaque récit narré à la manière des conteurs est illustré par une chanson introduite par un court texte de Nadine Marchand, qui a écrit le scénario, et lu par Olivier Maille, animateur événementiel du Département. Les chansons sont interprétées et jouées par les professeurs et les élèves de l’École de Musique de Bois-Guillaume-Bihorel-Isneauville, dirigée par Xavier Petitalot. Connues de tous les spectateurs, petits et grands, elles sont fredonnées par le public quand il ne pleure pas, tant les souvenirs remontent. Ces chansons des années 50-60 sont devenues intemporelles. Qui ne connaît pas « J’entendrai siffler le train », « Marjolaine », « Le p’tit bal perdu », « Quand un soldat… », « Comme un p’tit coquelicot » ? Avec les spectateurs, les musiciens : Patricia Trouve au violoncelle, Philippe Davenet au piano, Jean-Charles Levaillant à la trompette, Xavier Petitalot à la clarinette, et les chanteuses Élise Monray, professeure de chant et ses élèves, Elsa Voranger, Virginie Colussi-Corte, Marion Decultot, sont submergés par l’émotion.

Par la magie du conte, de la musique et de la chanson, les spectateurs sont transportés 60 ans plus tôt. Le spectacle se termine par le texte « Après la guerre, se reconstruire ».

Comme jadis à la veillée, à la manière des conteurs, qu’ils soient de France ou d’Algérie, de Kabylie ou de Normandie, les spectateurs ont pu entendre, avant l’hiver de l’oubli, l’histoire d’une génération sacrifiée. Le but n’était pas de raconter la Guerre d’Algérie, encore moins de l’expliquer mais de recréer un climat, l’atmosphère d’une époque, celle d’une jeunesse. Ils ont fait le choix d’utiliser :

  • La narration à la limite du conte pour traduire de manière vivante une réalité quotidienne ;
  • La musique qui permet de remonter le temps et de réveiller des souvenirs anciens ;
  • Le chant avec lequel vient souvent le temps du partage ;
  • Les mots qui ressortent des échos de cette manifestation sont nostalgie et émotion.

La Cérémonie se terminait par le verre de l’amitié offert par le Conseil départemental et la dédicace de « Chroniques algériennes d’un appelé 1961-1962 ».

Actualité publiée le vendredi 26 août 2022