Contournement Est de Rouen

Pascal Houbron était un des invités du plateau de « Face à la rédac » le mercredi 25 octobre 2023.

Contournement Est de Rouen, stop ou encore ?

Alors que le Ministre des Transports, Clément Beaune, doit annoncer dans les prochaines semaines si le Contournement Est de Rouen fait partie des projets autoroutiers arrêtés ou non, Lætitia Sanchez, Maire écologiste de Saint-Pierre-du-Vauvray, et Pascal Houbron, Maire centriste de Bihorel, étaient les invités du plateau de « Face à la rédac » le mercredi 25 octobre 2023.

Le désengorgement de Rouen

Lætitia Sanchez : « Le dossier d’enquête publique a montré qu’il y aurait, avec le contournement est de Rouen, 50 000 tonnes de CO2 en plus. Le trafic à Rouen, c’est plus d’un million de déplacements par jour. La part du trafic de transit [poids lourds susceptibles d’utiliser le contournement est NDLR] est très marginale. Ce qui engorge les routes de Rouen, c’est le trafic interne, les déplacements domicile-travail. Sur un million de déplacements, 58 % se font sur une distance de moins de 6 km, et ces automobilistes n’utiliseront pas le contournement est. Le trafic de transit, lui, ne quitte par l’A13, à 90 %. »

Pascal Houbron : « Ce trafic de transit, si en pourcentage il peut paraître mineur, il ne l’est pas pour les habitants qui vivent ces nuisances au quotidien. On sait qu’avec le développement de l’e-commerce, de la logistique urbaine, il y aura de plus en plus de trafic routier. L’enjeu ce n’est pas le contournement est, ce sont les véhicules qui vont circuler sur ce contournement est, c’est-à-dire d’avoir des véhicules hydrogènes, électriques ou autres. Vous dites que c’est un projet hors d’âge ? C’est tout le contraire ! Si le trafic s’accroît, pour aller du nord de l’Europe au sud, ce contournement sera encore plus utile. »

L’économie

Lætitia Sanchez : « Il ne faut pas opposer économie et écologie, mais il faut réinventer les modèles. Oui, le port de Rouen a besoin de connexions pour son développement, mais il faut se concentrer sur le fluvial avec le canal Seine nord dont les travaux ont commencé, et le ferroviaire. Dans l’Eure, nous avons un bassin d’activité très important avec le Pharma parc notamment, et on a besoin d’améliorer les déplacements pour les salariés. Notre liaison naturelle avec la métropole, c’est l’A13, est-ce que vous pensez que rajouter une voie avec péage qui débouche au rond-point des vaches, ça va apporter un quelconque gain pour les entreprises de l’Eure qui veulent rejoindre Rouen ? »

Pascal Houbron : « Les acteurs économiques tels que les ports, à Rouen comme au Havre, veulent ce contournement, pour pouvoir se développer. Et ce n’est pas tout : si vous désenclavez la métropole de Rouen vous ferez venir un certain nombre d’entreprises innovantes. Le sujet du péage [estimé à 5 euros pour les voitures, 14 pour les poids lourds NDLR] n’est pas un sujet majeur. Les entrepreneurs et les transporteurs vous disent que le temps, c’est de l’argent. Aujourd’hui, ils perdent beaucoup de temps en ralentissement dans ce nœud, ils n’auront donc aucune difficulté à intégrer dans leur fonctionnement ce coût qui leur permettra de gagner du temps. »

Le financement

Lætitia Sanchez « Gouverner, c’est choisir. L’argent public n’est pas magique. Si l’État veut dépenser 200 millions [les dernières estimations du coût du contournement est s’élèvent entre 1 et 1,5 milliard, financés par l’État, la Région Normandie et le Département de Seine-Maritime NDLR], qu’ils les mettent dans le ferroviaire. Aujourd’hui, la rentabilité n’est pas assurée car le gain de temps n’est pas assuré et les locaux ne sont pas d’accord. Sur l’A69, dont on parle dans l’actualité, on voit qu’on est parti sur une concession de 55 ans avec un groupe d’intérêts privé du Luxembourg. Le péage prévu est à 15 cts le kilomètre. Qui peut imaginer que ces infrastructures vont être empruntées au quotidien avec un tel tarif ? »

Pascal Houbron : « Normalement, ce projet devait aller au bout avec le financement des collectivités [Département de l’Eure et Métropole de Rouen inclus NDLR]. On sait pourquoi il y a eu un revirement de la part de la Métropole. Pour faire des accords avec les écolos il fallait [pour Nicolas Mayer-Rossignol NDLR] changer d’avis sur le contournement est. Ce n’est pas une conviction qui est tombée du ciel, ce sont des accords politiques. Le projet d’infrastructure aujourd’hui n’est plus celui d’il y a cinquante ans, ce n’est plus une rocade. Le coût a beaucoup augmenté du fait justement d’aménagements faits pour réduire l’impact environnemental. »

La suite

Lætitia Sanchez : « Nous, ça fait des dizaines d’années qu’on est mobilisés. Tant qu’il n’y a pas eu un coup de pelleteuse, l’espoir demeure. On a vu depuis 2014 des centaines de personnes dans les réunions publiques. Ce projet, les habitants n’en veulent pas. L’État peut encore se désengager pour l’instant, il n’y a pas de pénalité. Si Clément Beaune [ministre des Transports, NDLR] annonce que le contournement est se fera bel et bien, nous continuerons le combat. »

Pascal Houbron : « Pour moi le débat n’est plus s’il va se faire, mais comment il va se faire. C’est une priorité nationale, voire internationale. Sept ans d’enquête publique, trois ans de travail avec déclaration d’utilité publique, lancement de la concession… Ce n’est pas encore signé mais ça pourrait l’être. Il est important d’aller au bout de ce projet qui date d’il y a cinquante ans. »

Actualité publiée le vendredi 27 octobre 2023